Manque de temps. Crainte de manquer de talent. Nécessité de gagner sa vie. Perte de motivation. Sentiment de découragement devant le nombre de bons romanciers qui existent déjà et dont on n’aura jamais le temps de lire toutes les oeuvres. À quoi bon en ajouter une de plus?
Écrire un roman est un de mes souhaits les plus chers depuis l’enfance. J’ai beaucoup écrit dans ma vie – thèse de maîtrise, journalisme, biographie, scénario – mais je n’ai jamais rédigé de roman. Quand j’ai passé le cap des 20 ans, je me suis dit que j’avais raté la chance d’être dans le groupe ultra sélect de ceux qui publient très tôt. Quand j’ai eu 30 ans, j’ai constaté avec déception que je ne pourrais plus être considérée comme une « jeune » auteure. Quand j’ai eu 40 ans et que j’étais toujours sans roman à mon crédit, j’ai commencé à désespérer. Je me suis durement questionnée: allais-je être de ces gens qui écrivent leur premier roman à la retraite et à qui on s’intéresse surtout pour l’aspect tardif de leur vocation? Ou, pire encore, allais-je tout simplement éviter toute ma vie d’en écrire un?
Toutes les excuses sont bonnes pour ne pas écrire.
Cette année, j’ai décidé de me donner une excuse POUR écrire: NaNoWriMo. Il s’agit d’un regroupement de gens d’un peu partout à travers le monde qui ne se prennent pas trop au sérieux et qui désignent novembre comme étant le National Novel Writing Month. Ils s’engagent envers eux-même à écrire 50,000 mots en 30 jours.
C’est l’équivalent d’un roman de 175 pages.
L’idée, c’est de ne pas se censurer. Il faut voir le tout comme un premier jet et faire taire l’éditeur-réviseur en nous. Le mien est particulièrement verbeux. Déjà , il me chuchote à l’oreille qu’on n’écrit pas un roman qui vaille la peine en un mois (c’est vrai), que 175 pages, ce n’est qu’une longue nouvelle et que de toute manière, j’aurai probablement un contrat ou deux qui feront surface pendant le mois et qui deviendront prioritaires. Depuis deux semaines, mon éditeur-réviseur me dit que mes idées de roman ne sont pas géniales, ou encore, qu’elles feraient de bien meilleurs scénarios qui eux auraient au moins le mérite de me permettre de gagner ma vie. Il me dit que je suis rouillée, que mon français est trop teinté de mes nombreuses lectures en anglais et que je n’irai probablement pas plus loin que ce premier jet.
Sur un coup de tête en fin de semaine, j’ai donc enfermé mon éditeur-réviseur dans le cabanon, entre les meubles de jardin et le barbecue que je venais de remiser pour l’hiver. Il se gardera occupé en leur faisant la leçon sur l’aspect tout à fait superficiel de leur vocation saisonnière.
Et je me suis inscrite à NaNoWriMo.
Ça commence demain, le 1er novembre. Environ 1600 mots par jour pendant 30 jours.
J’ai un peu la chienne. Mais en bonne travailleure autonome, je connais la puissance du deadline, même quand il est artificiellement déterminé.
Pour me motiver, j’ai juste à penser à la femme qui, lors de son cinquantième anniversaire, préfèrera bouffer du gâteau en toute quiétude plutôt que de ruminer d’amers regrets.
Bonne chance! J’y participe aussi, je suis sûre que ce sera super le fun! :)
Tu auras quel âge, dans un mois, si tu l’écris, ce premier jet de roman? Et si tu ne l’écris pas? Eh ben… ;-)
(Hé, le verbeux! Tu fais du temps supplémentaire 11 mois par année: prends un mois de vacances bien méritées!)
@Stéphanie: Bonne chance aussi! Je suis nivuniconnu sur NaNoWriMo.
@vieux bandit: Tu devrais changer ton nom pour « vieux sage ». ;)
« vieux singe » conviendrait mieux, mais qu’est-ce tu veux…
Go Martine go!
I am so happy that you decided to go for it! Banish all doubts: write YOUR novel, don’t think about what anyone else has said or will say! I’ll be rooting for you to get those words done every day.
Bonne chance! C’est un beau défi. En bon travailleur autonome, je vous souhaite par contre beaucoup de contrats…
Merci pour les bons mots! Le « word count » de la première journée n’est pas très élevé (707 mots). J’ai dû consacrer la moitié de ma journée à du boulot pour un client.
Et commencer, c’est duuurrrr! Mon éditeur-réviseur a beau être enfermé dans le cabanon, je réussis à l’entendre jusqu’ici…
@Beth: Thanks! I really want to write MY novel, but finding out what that novel is can be complicated. I know what I like to read, I know the kind of novel I’d like to write and the kind of novel I think I could manage to write, but what comes out is never quite what I had in mind…
BUT
I’m going to try to not question it too much, even though it’s against my nature not to question… ;)
Jour 2. On continue! ;-)
Tu fais le Nanowrimo?! C’est super!
Je connais trois autres blogueuses qui le font si jamais tu as besoins de support:
http://www.emilieclevesque.ca
http://audreyparily.com/carnet/
laplumeetlepoing.blogspot.com/
Et pour ce qui est de tes doutes, dis-toi que lorsque j’ai attaqué mon premier roman, ça faisait 10 ans que je ne lisais qu’en anglais, et 3 que je travaillais également exclusivement dans cette langue! En plus, mon concept de roman avait été conçue POUR la télé à la base!
Alors ne perd pas confiance: quand on sait raconter des histoires, le médium est sans importancel!!! (McLuhan be damned!)
@Annie: Merci! T’es encourageante et inspirante!
You could also think of it as a warm-up. What you write this month doesn’t have to be THE novel, it’s just A NOVEL that you wrote and completed. Which will make the next one easier. (I know, starting a huge project is the worst!)
Bon courage, Martine. Souvent, nous sommes notre propre frein. Et souvent nous n’avons pas raison. Et moi qui s’en va sur mes 60 et toujours pas un seul essai!
@Beth: My feeling is that I won’t have a stand alone novel at the end of the month, but I might have a decent chunk of a longer project I’d like to work on. But hey, here I am, analyzing again! ;)
@Sally: Merci pour les bons mots! Tout est relatif, point de vue âge, n’est-ce pas? J’ai lu sur le Web cette semaine qu’une amie dans la fin de la trentaine était toute désespérée de ne plus reconnaître la jeune fille positive et pétillante en elle alors que le 40 ans approche, telle une terrible menace… Ça m’a semblé exagéré (40 ans, c’est rien, n’est-ce pas?) jusqu’à ce que je me rende compte que j’ai la même réaction par rapport au chiffre 50 ou 60.
Difficile de voir la vie passer et de faire le décompte (souvent trop sévère) de nos compromis. Mais bon, on passe tous par là …
Tellement cool comme défi! J’adore!!!!! Un gros «merde»! :-) (Le 2e par. de ce billet me rejoint totalement…)
J’ai voulu y participer mais cette année, ça n’a pas adonné… Mais dis-moi, ça avance bien ce roman? :P
@Jordan Chénard: Ça va mais ça ne va pas vite… Une urgence au travail s’est retrouvée prioritaire et fait une dure concurrence au projet pendant le reste du mois. Je dois ajuster mon objectif :( Ça va tourner en NaNoDecWriMo (novembre et décembre).
À suivre…