Ah, misère…

Méchant beau bordel. Comme si ce n’était pas déjà assez difficile de produire de la télé ici.

Le milieu québécois de la production télévisuelle a réagi en publiant un communiqué:

Selon le milieu de la production, il est inacceptable que deux entreprises privées de câblodistribution prennent en otage cette industrie alors que leur contribution au système de radiodiffusion fait partie des conditions mêmes de leur permis d’exercice, et alors que le contenu canadien contribue largement à leur rentabilité.

Je me sens particulièrement concernée, bien sûr, puisque je travaille au développement d’un projet de série télé qui pourrait très bien être affecté par cette situation.

Va peut-être falloir que je me remette à regarder du côté de Tim Hortons…

By Martine

Screenwriter / scénariste-conceptrice

9 comments

  1. Aimes-tu les roulottes? Parce que notre suuuuper Tim ici, juste en face du club de danseuses, là, ben il est fermé pour rénovations (mais on voit rien qui bouge jamais) depuis des mois. Fans de Tim, ne vous en faites pas! Allez à l’arrière, et vous aurez votre mauvais café, vos beignes dégueulasses et vos sandwichs pas mangeables en vous rendant à la roulotte Tim’s!

  2. Ha ha! C’est vrai qu’ils sont dégueu, les sandwichs. Le pain est trop dense. On dirait qu’ils l’ont mouillé avant de faire le sandwich. Mais ils ont souvent des affiches « nous engageons », alors ça me rassure si ma carrière pique du nez.

  3. Moi c’est le faux bacon qui me les scie. Sans parler du café imbuvable et du fait que c’est une entreprise géante qui ne roule que sur du comptant… mais j’suis sûre que tout est bien comptabilisé, y a pas de magouille là, voyons…

  4. Bonjour Martine,

    C’est odieux que des méga-capitalistes outranciers décident que la culture n’a plus d’importance vis-à-vis leur marge de profits. Après tout, la plupart de leurs productions sont financées de près ou de loin par nos deniers publics. Ça me rappelle l’époque où je travaillais avec les frères Héroux (tiens, y’en a pas un qui est le papa de ta productrice?) et où ils ont pété les plombs parce que Téléfilm avait osé couper dans leur octroi et ainsi diminué leurs profits! Dans le monde où je vis, les profits on les fait sur les ventes et le risque, ils ne sont pas intégrés dans la subvention de départ…

    Je me dis qu’il est peut-être temps de boycotter Québécor-Vidéotron dans le monde culturel. Il y a longtemps que les deux, même avant leur fusion, ont des pratiques professionnelles anti-syndicales et anti-éthiques.

  5. Marc: Oui, c’est bien le papa d’une des productrices avec lesquelles je travaille. C’est même le coauteur très sympathique d’un livre que j’ai écrit récemment. ;-)

    Ah, cette étrange relation que nous entretenons avec les fonds gouvernementaux, avec les avantages sociaux, avec les services publics… On développe une certaine codépendance avec eux , comme celle d’un vieux couple. Ça crée des industries culturelles et une société bien étranges… Difficile d’imaginer comment on peut s’en sortir.

  6. Tiens, il me semble qu’on a déjà eu une discussion sur le sujet dans un resto de la rue Saint-Laurent il y a des années de ça… J’ai une tendance à ne pas être trop pour les subsides gouvernementaux surtout dans leur forme actuelle qui les distribue aux «industries culturelles» et rarement aux créateurs ou à la diffusion. Heureusement que le modèle change avec l’émergence des vecteurs Internet à haut débit. La télé, telle qu’on la connaît va doucement mourir et on pourra peut-être finir par monter des projets plus autonomes et moins coûteux sans être empêtrés dans des réglementations qui castrent les créateurs. Il est bien plus facile de faire un film d’auteur à New-York qu’à Montréal…

    D’ailleurs, ces jours-ci, je donne un coup de main à mon ami Sébastien Dhavernas qui se présente à la présidence de l’UDA avec une belle équipe de jeunes flyés. L’idée est de redonner le pouvoir aux membres et à l’autre génération. Il faudra justement assouplir les règles pour permettre aux créateurs autonomes de se servir du Web sans trop de «roadblocks», un peu comme dans le cas du contrat autogéré en théâtre. On imagine la même chose au cinéma aussi. Par contre, on tapera sur la tête des gros pour qu’ils paient leur quote-part. C’est une question de justice sociale…

    Je n’ai rien contre le fait qu’on profite des sous de l’état pour créer dans un petit pays… J’en ai plus contre la création de grosses entreprises industrielles subventionnées qui faussent la pratique. Je suis pour une culture populaire accessible mais on devrait cesser de subventionner la rentabilité… C’est ainsi qu’on assassine la relève (à laquelle il y a bien longtemps que je n’appartiens plus). Les modèles de structures de subsides de la Finlande ou de l’Irlande devraient nous inspirer…

    J’ai hâte de voir comment les organismes gouvernementaux et para-gouvernementaux vont réagir à messieurs Shaw et PKP…

    Bon, pardonne-moi de faire un peu long mais je suis en criss depuis hier…

  7. Je regarde de moins en moins la télé, et je ne vais pas au cinéma (je préfère attendre les DVD). Toutefois, la question du financement me semble récurrente. Quand ce n’est pas la question d’un fonds quelconque, c’est celle des diffuseurs qui coupent ce qu’ils appellent des “séries lourdes”.

    Je crains qu’on ne puisse compter sur le public pour soutenir un boycott comme le suggère Marc. D’une part, il est trop attaché à sa câblo pour s’en séparer, et d’autre part il comprend (connaît?) mal le problème.

    Ce qui m’amène à parler du prix des choses.

    Quand on a parlé il y a quelques mois des séries lourdes (un million et plus par épisode), j’aurais bien aimé voir une ventilation d’un budget de production. Combien va où? Ça m’aurait aidé à juger de la pertinence des positions des deux côtés (producteurs et diffuseurs).

    Comprenez-moi bien, je ne tiens pas à voir le formulaire T4 d’untel ou de l’autre, j’aimerais seulement avoir une idée de là où va l’argent.

    Et je crois que si on demande au public de se mobiliser d’une certaine façon, il faudrait donner des exemples pour démontrer la légitimité des revendications et les expliquer les raisons des dysfonctionnements.

  8. Bonjour Jean-Pierre,

    Justement, en ce moment, en préparant la plate-forme des candidatures au Conseil de l’UDA on a beaucoup analysé les structures de financement des productions. On a été effarés de constater que les moins payés étaient les créateurs eux-mêmes. Les comédiens, les auteurs et les réalisateurs représentent le bas de l’échelle dans tout ça. D’autant que, comme les droits de suite au visuel n’existent pas en Amérique du Nord, personne ne touche plus rien, après les cachets initiaux, malgré le succès d’une production. Personne hormis les distributeurs et les producteurs (qui dans le cas des majors, sont les mêmes). La négociation en ce moment entre les producteurs canadiens et l’ACTRA (qui sera bientôt reprise entre le syndicat américain SAG et les majors et puis entre l’UDA et l’APFTQ) est un exemple parfait du problème. On veut offrir un rachat global des droits pour tous les médiums incluant Internet pour pouvoir produire à rabais. En fait, un producteur pourra produire pour Internet à 40% de moins que les cachets télé et ensuite, s’il veut diffuser télé, il n’aura qu’à payer 15% de plus… Comme la télé sera diffusée en TCP/IP d’ici 5 ans, tout sera calculé sur le modèle à rabais.

    Pourtant, le financement d’un producteur vient à peu près entièrement de sources publiques et para-publiques. Aucun producteur (ou si eu) n’investit ses propres sous dans un film ou une série. C’est nous qui la payons d’une manière ou d’une autre… et c’est nous qui payons les «profits» du producteur.

    Quand Pierre-Karl et Jim Shaw s’opposent au 37% que reçoit Radio-Canada (Shaw parlant d’un auditoire d’assistés sociaux), c’est occulter la quantité d’investissement de la société d’état fait justement dans la production… En plus, PKP ose prétendre qu’avec Illico, il encourage le cinéma local!!! C’est comme les radio-diffuseurs qui, pour justifier la réduction de contenu Canadien et Québécois ont fondé Musicaction pour produire les disques des gens… qui jouent principalement dans leurs radios…

    Pour ce qui est du boycott… je ne vise pas la masse… Mais la quantité de praticiens culturels qui ont des comptes Internet chez Vidéotron ou le câble est suffisante pour justifier une certaine intervention consciente.

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