Jour 1 et 2 à bord du Canadien

J’essaye de me concentrer sur mon écran d’ordinateur alors que défilent à ma fenêtre des champs manitobains qui brillent d’un superbe jaune vif. Ma couchette est restée ouverte aujourd’hui (au lieu de faire place aux deux fauteuils d’hier) et cette configuration me plait davantage. C’est plus pratique comme ça pour la sieste de l’après-midi! La fenêtre à mes pieds a l’air d’un écran télé haute définition qui offrirait la plus belle des télés réalité, sans dialogue, avec ciel azur et champs dorés à perte de vue. Pour faire concept, je rédige ce billet en écoutant Night Train de Oscar Peterson. Nous perdons règulièrement l’accès aux réseaux cellulaires, ce qui ne me permet pas de publier ici de manière très régulière. Photos à venir un peu plus tard, même si certaines sont déjè  sur mes comptes Instagram et Twitter (@nivuniconnu). (NB: J’ai ajouté des liens après la première publication de ce billet.)

Nous avons fait un arrêt de quatre heures à Winnipeg ce matin pendant lequel j’ai assisté à un tour guidé de la ville en autobus. Deux heures en bus (avec quelques arrêts), ça ne permet pas de vraiment saisir une ville (même si les mauvaises langues diront que c’est suffisant dans le cas de Winnipeg). De cette visite, je retiendrai la présence de nombreux grands arbres matures, même au centre-ville, l’élégance d’un beau jardin public et un sympathique marché près de la gare de train où on retrouve une boulangerie qui fait des brioches à la cannelle à se rouler par terre. Ça a fait du bien de prendre l’air! Les fenêtres du train n’ouvrent pas (pour des raisons de sécurité, m’a-t-on dit). C’est un peu étrange de passer autant de temps à voir de grands espaces sans pouvoir respirer le grand air qui les accompagne.

Comme c’est souvent le cas en voyage, la première journée en a été une d’adaptation. Le départ était à 22h00 samedi soir, ce qui laissait peu de temps pour s’habituer à l’environnement avant de se mettre au lit. D’abord, il y a l’espace exigu avec lequel il faut composer : les couloirs sont étroits et les cabines sont petites, même celles conçues pour deux personnes. Une fois le lit ouvert, il n’y a pas de place pour ouvrir sa valise au sol. Je suis contente de m’y retrouver seule car je ne sais pas comment j’aurais réussi à partager cet espace avec quelqu’un d’autre! (Je partage bien des choses avec plaisir mais j’ai besoin de pas mal d’espace!) Je dois cependant préciser qu’il y a plusieurs couples à bord qui partagent ces cabines et ils n’ont pas l’air malheureux. Un passager me disait même aujourd’hui qu’après avoir essayé les deux types de cabines, il préférait celle avec un seul lit dont la configuration lui plaisait davantage.

Ma première nuit a été difficile : un train, ça fait du bruit et ça bouge beaucoup, mais ça s’arrête souvent aussi! Juste au moment où je m’habituais enfin au roulis et que je sentais le sommeil m’envahir, un arrêt complet du train venait briser le rythme et je me retrouvais de nouveau éveillée. Je me suis pointée pour déjeuner dans la voiture-salle à manger qu’on m’avait assignée la veille avec les yeux à demi ouverts et affamée! L’omelette savoureuse que j’ai choisie m’a remise sur pieds, du moins le temps de faire plus ample connaissance avec mes compagnons de route pour les prochains jours.

Nous sommes cinq blogueurs invités par ViaRail :
Jean-François Frenette (Québec)
Mayssam Samaha (Montréal)
Dustin Gilman (Montréal)
Valerie Howes (Toronto)

Nous sommes accompagnés par Martin Gemme, « service design officer» (concrètement = chef exécutif chef Via Rail). C’est lui qui est à l’origine de la création des nouveaux menus qui sont disponibles depuis deux semaines seulement sur le parcours Toronto-Vancouver. Martin a une expérience très variée dans le domaine de la restauration; converser avec lui, c’est en apprendre beaucoup sur les coulisses du monde alimentaire.

Il y a deux voitures-salles à manger qui servent une trentaine de convives à la fois. Il y a donc deux ou trois services par repas. On assigne aux gens de la classe « Voiture-lits Plus» une heure précise de réservation pour le diner et pour le souper pour s’assurer du bon roulement des choses. Notre tablée attire les regards quand les plats arrivent et qu’ils se retrouvent immédiatement mitraillés par les appareils-photos des « food bloggers», ces êtres étranges qui apprécient d’abord un met à travers une lentille et qui, par conséquent, finissent presque toujours par manger froid.

Après cette première nuit difficile, j’ai tenté de travailler à deux reprises mais mon corps n’vait qu’une chose en tête : faire la sieste. J’ai somnolé un peu et j’ai tenté de retourner au travail sans arriver à être très productive. Je trouvais mon scène à scène un peu ennuyant et j’avais envie de repartir à zéro…

Après un bon souper hier soir, quelques conversations plaisantes et une douche (moins compliquéee que ce que je craignais, même en mouvement) je n’ai plus vu ma petite cabine du même oeil. Quelques minutes de lecture dans le lit simple (plutôt confortable) et le sommeil me gagnait. Je me suis réveillée just avant l’arrivée à Winnipeg avec une nouvelle énergie. Il n’y a rien comme d’ouvrir un store et de découvrir un nouveau paysage à sa fenêtre au matin!

Un voyage d’une seule nuit ne m’aurait pas permis de bien saisir les avantages du train. Ce n’est qu’à cette deuxième journéee que je peux apprécier le rythme trèss particulier que le train dicte à nos journées : on s’en va en ligne droite, on n’y va pas trop vite, et on décroche de notre quotidien, station par station. Le mouvement constant auquel on se soumet n’est au fond qu’un prétexte pour arrêter le temps. La destination? On y pense peu, le paysage qui défile détournant notre attention sur le ici et maintenant.

Je crois ne pas être la seule à apprécier davantage cette deuxième journéee. On sent une énergie différente à bord depuis l’arrêt à Winnipeg. Le train défile plus rapidement à travers les prairies et le contraste entre le bleu du ciel et le jaune des champs réveille les esprits. Les passagers ont eu le temps de faire connaissance. Le volume des conversations était d’ailleurs plus élevé dans le wagon-restaurant pendant les repas aujourd’hui.

Au moment où j’écris ces mots, on annonce qu’on vient de quitter le Manitoba pour entrer en Saskatchewan. Les vaches dans le très beau vallon que nous traversons ne semblent pas s’en formaliser. Regarder passer le train, elles font ça depuis des siècles…

Sauter sur l’occasion

Mon mois de juillet s’annonçait relativement calme: les piges avaient ralenti leur rythme avec les clients partis en vacances, le scénario rédigé ce printemps était en attente d’une réponse pour le financement de la rédaction de la v2 (à l’automne) et je n’avais aucun voyage à l’horizon. Je prévoyais donc enfin me consacrer à la rédaction d’un scénario qui dort dans mon ordi depuis presque deux ans – le genre de projet personnel qui finit toujours par être relégué au second plan derrière les contrats qui « payent ».

Restait plus qu’à démarrer.

C’est facile ça, commencer, hein? C’est pas comme si les projets à développer, le Web, le jardin, les rénos à envisager, le chum pigiste qui travaille aussi à la maison et le chat qui veut que j’aille jouer dehors avec lui se disputaient mon attention.

Wow, avez-vous vu la vidéo du gars sur YouTube qui converse avec lui-même à l’âge de douze ans? Non? Oh…

Je disais quoi déjà?

Ah oui, je parlais de mon attention et de ma grande capacité à me concentrer.

Il y a dix jours, j’essayais de démarrer le scénario en question. Je suis donc allée faire un petit tour sur Facebook. Juste un p’tit tour, là. Pas longtemps.

C’est là que je suis tombée sur une proposition intéressante. Via Rail sollicitait la candidature de blogueurs passionnés de bouffe et de voyage pour faire la traversée du pays à bord du célèbre train Le Canadien. Les menus offerts pendant la randonnée venaient d’être entièrement revus par une équipe de chefs et on voulait les faire essayer par des blogueurs qui partageraient ensuite leurs impressions dans leurs réseaux.

Ma première réaction : miam! Check les assiettes!
Ma deuxième réaction : chanceux!
Ma troisième réaction : ça doit mauditement bien écrire en train…
Ma quatrième réaction : cou donc, je suis disponible, moi, et je trippe bouffe et voyages.
Ma cinquième réaction : j’envoie ma candidature par courriel!
Ma sixième réaction : ah ouin? Y’a pas le wifi sur ce train là? Yikes…
Ma septième réaction : de toute manière je ne serai pas choisie.

Le lendemain, j’apprends par courriel que ma candidature a été retenue. On m’offre de partir une semaine plus tard avec quatre autres blogueurs pour faire l’aller-retour Toronto-Vancouver.

Une folle! J’ai dit oui.

Voici donc ce qui m’attend :

-Quatre nuits à bord du Canadien.
-Une cabine privée avec couchette.
-Déjeuners, diners, soupers dans le train.
-Rencontre avec le chef/concepteur des menus, Martin Gemme, et dégustation de vins.
-Des arrêts à Winnipeg (4 heures), Edmonton (1h00) et Jasper (1h30).
-Deux nuits et trois jours à Vancouver. (Je n’y suis pas allée depuis un voyage-échange avec l’école secondaire dans les années 80. Paraît que ça a changé un p’tit peu.)
-Quatre autres nuits sur le train au retour.
-Encore beaucoup de bonne bouffe. (Le train a excellente réputation de ce côté.)
-Des billets de blogue, Facebook, Twitter et Instagram pour vous faire verdir d’envie et pour torturer mon chum qui ADORE les trains.
-Un premier jet de scénario?

Je connais plusieurs scénaristes qui s’enferment dans une chambre d’hôtel ou qui se louent un chalet (sans wifi) quand vient le temps de rédiger une première version de leur scénario. Ça sera la même chose pour moi, non? Sauf que ma chambre d’hôtel va bouger. Par la fenêtre, je vais voir des villages, des vaches et, éventuellement, de super belles montagnes. Et je vais beaucoup bien manger. La belle vie, comme dirait un chroniqueur qu’on ne va pas nommer.

La pro des reportages-voyage, Marie-Julie Gagnon, m’a prévenue de ne pas être trop ambitieuse, point de vue productivité. Elle a déjà fait l’excursion en 2010 sur Le Canadien et elle a adoré. Selon elle, on y fait de belles rencontres et ça devient très « social » (surtout qu’il n’y a pas le wifi). Bon. Ok. J’aurai donc besoin de me discipliner un peu même s’il n’y aura pas de wifi. (Sauf dans les gares. Dieu merci, on y aura accès dans les gares!)

Mais regardez comme je suis bien partie! Je viens de rédiger ce billet sur le train Montréal-Toronto, même si mon chum (qui m’accompagne jusqu’à TO parce qu’il y a un resto de pizza qu’il veut essayer) passe son temps à m’interrompre pour me donner des tonnes d’informations sur l’univers des trains. Il était tout excité tout à l’heure quand il a identifié sur la voie ferrée un genre de truc orange conçu exprès pour faire dérailler les trains en cas d’urgence. Qui a besoin du wifi quand on peut s’informer ainsi auprès de ses pairs?

(Bon, il vient de m’interrompre de nouveau pour me montrer une photo du dérailleur pour laquelle il vient de faire une recherche sur Google. On avait besoin du wifi après tout!)

On arrive à Toronto! Souhaitez-moi bonne chance avec mon projet et suivez-moi ici si le cœur vous en dit!

La bouffe et/ou la vie

Les réseaux sociaux vont et viennent, tout comme notre intérêt pour eux. Après des années à les fréquenter de manière active, on finit par développer ses chouchoux. Mes favoris ne sont pas nécessairement ceux où j’ai le plus d’amis ou de « followers ». Je préfère quand le cercle des liens est encore assez petit pour qu’il procure un sentiment d’intimité et de liberté d’expression, si illusoires soit-ils.

Depuis un an, le réseau où j’ai le plus de plaisir, c’est Instagram. Oui, ses célèbres filtres rétro m’y ont attirée au départ, mais ce n’est pas ce qui m’y garde. J’y reviens au quotidien par « doux voyeurisme », par simple curiosité envers la vie des autres, des amis surtout, mais quelques étrangers aussi. Aucune envie de suivre 1,000 personnes. Aucun besoin d’être moi-même suivie par des milliers d’inconnus. J’ai toujours mon iPhone avec moi. Une scène attire mon regard, me fait sourire, me donne envie de vous dire « regarde »? Je photographie. Je partage en quelques clics. Et voilà. Petit encadré de vie à basse résolution.

Instagram est une application mobile qui n’a pas d’équivalent sur le Web. Il faut donc passer par un service Web tierce-partie pour y visionner les photos. Sur le iPad, j’aime bien le tout récent Pinstagram, même s’il est un peu lent à réagir. Sur mon iMac, j’utilise Statigram. Ce dernier service a l’avantage d’offrir des statistiques sur notre activité sur Instagram, en plus de nous permettre d’organiser les photos dans des dossiers. J’ai ainsi découvert que mon sujet photographique de prédilection est – vous l’aurez deviné – la bouffe! Encore des photos de bouffe, me direz-vous? Ah, mais tout est dans l’oeil de la photographe… et dans l’estomac de la fille qui a une bonne fourchette et un conjoint qui lui fait vivre des expériences gastronomiques au quotidien!

Et avouez-que, rassemblées ainsi, les photos feraient une jolie affiche dans ma cuisine!

Instagram photos of food