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Mains sur une contrebasse

Vers la fin des ann�es 40 et pendant les ann�es 50, mon p�re avait fait partie d’un groupe qui s’appelait Les Swingmasters. Il �tait contrebassiste et chanteur et jouait tous les standards de jazz de l’�poque, traduits en fran�ais. Je suis n�e trop tard pour conna�tre cette p�riode de la vie de mon p�re, mais ces chansons ont tout de m�me berc� mon enfance car m�me apr�s la dissolution du groupe, mon p�re n’a jamais cess� de chanter. La musique �tait sa seule v�ritable passion, la seule qui aura dur� toute sa vie.

Quand il cessait de jouer d’un instrument, papa s’en d�barrassait rapidement. Je ne l’ai donc jamais vu jouer de la contrebasse, mais je r�vais souvent d’en louer une pour lui ou de r�unir les anciens membres de son groupe. Ce projet ne s’est jamais concr�tis�. Pourquoi? Les membres du groupe auraient �t� difficiles � joindre. Plusieurs sont morts. Il est difficile de louer un tel instrument. Papa n’aurait peut-�tre pas �t� int�ress�. Les raisons que l’on trouve pour ne pas faire les choses dont on r�ve sont nombreuses et futiles. La vie se fait courte pour nous le rappeler avec ironie.

Aux fun�railles de mon p�re samedi � Qu�bec, j’ai d�nich� un jeune contrebassiste qui a jou� sur le parvis de l’�glise, alors que nous recevions les condol�ances. Sa belle musique nous as envelopp�s jusqu’� ce que les cloches nous appellent � l’int�rieur.

Certains disent qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Je m’accroche � ce clich� comme on repose sa t�te sur l’�paule d’un ami.

Merci � tous ceux qui ont �crit, appel�, ou qui sont venus aux fun�railles pour nous t�moigner leur soutien. Ces gestes l� comptent beaucoup, m�me quand, � travers un blogue, ils proviennent de parfaits �trangers…
Thanks to all of you who took the time to write or call. Your kindness made a difference, even when I didn’t know who you were…

By Martine

Screenwriter / scénariste-conceptrice