Il me dit: «si tu appuies fort sur tes yeux, tu vois des étoiles.» J’appuie et je ne vois pas d’étoile. À la place, ça chauffe. Mais quand il me demande «les vois-tu?», je dis oui. Je peux même les décrire. Elles sont jaunes. Elles tournent. Y’en a une plus grosse que les autres mais elle, elle ne bouge pas. On dirait vraiment que ça lui fait plaisir, ce détail-là . Je pense qu’il pense que la grosse étoile, c’est lui, parce que quand j’ai fini de la décrire, il prend mes mains dans ses mains, il attend que j’ouvre les yeux et il me dit: « tu sais que je serai toujours là ?» Il me force à le regarder dans les yeux et j’essaye autant que je peux mais c’est difficile après avoir fixé la noirceur pendant un bout de temps. Mes paupières n’arrêtent pas de cligner. Il me tient par le menton et je vois bien qu’il essaye de ne pas parler fort, mais quand il est proche de mon visage comme ça, ça résonne dans mes oreilles. Il répète: «tu le sais que je t’aime, hein? Tu le sais?» Je me force à regarder en haut, vers la lumière, parce que ça me fait pleurer des yeux et parce que c’est juste quand il voit que j’ai les yeux mouillés qu’il me laisse aller.
J’essaye de ne pas partir en courant pour ne pas lui faire de peine, mais il faut vraiment que je me retienne. Je compte les pas. Lentement. Un. Deux. Trois. Quatre. Après cinq pas, je pense que je suis assez loin de la peine et je cours jusqu’à ma chambre.
Des fois, j’aimerais ça qu’il m’aime moins.
Wonderful, Martine!
Thanks, Beth. I like to know I’m making you practice your French. Je fais d’une pierre deux coups! ;)