Les hauts et les bas d’une adaptation

La CBC a présenté cette semaine Sophie, la version canadienne anglaise de la télésérie de Radio-Canada, Les hauts et les bas de Sophie Paquin. Les commentaires ne sont pas très élogieux pour l’instant et les critiques n’ont pas beaucoup apprécié la « dramedy » (le mélange drame et comédie) auxquels les Québécois sont peut-être davantage habitués.

Je m’attendais à ce que le processus d’adaptation de la série crée de grandes différences entre les deux versions. À ma grande surprise, ce ne fut pas du tout le cas! (Du moins pour ce premier épisode.) Sophie m’a fait l’effet d’une traduction plutôt qu’une véritable adaptation et certains éléments d’humour ne semblent pas passer en anglais. Est-ce à cause du format de 30 minutes au lieu d’une heure? Peut-être. Mais ce qui m’a vraiment étonnée, ce sont les performances. Les acteurs anglophones sont des copies conformes des acteurs québécois, non seulement physiquement, mais aussi dans leur manière de jouer. C’est particulièrement flagrant dans le cas de la comédienne qui joue le rôle de Melissa, l’amie de Sophie qui lui vole son chum. Elle bougeait de la même manière que la comédienne québécoise, allant même jusqu’à imiter ses moues si caractéristiques! On dirait qu’on a forcé les acteurs anglophones à regarder la version de Radio-Canada et qu’on leur a dit d’oublier leur propre talent et de se contenter de reproduire ce qui s’était fait en français.

Il faudra voir quelques épisodes avant de pouvoir juger du potentiel de longévité de la télésérie dans le ROC. Je me rappelle avoir accroché aux « hauts et aux bas » seulement à partir de l’arrivée de Malik-adulte dans l’histoire. Même encore, j’ai de la difficulté à m’intéresser aux intrigues secondaires et j’ai tendance à regarder l’émission enregistrée avec la manette à la main, abandonnant – par avance-rapide – les scènes qui se veulent comiques, pour me concentrer sur l’intrigue principale concernant la vie sentimentale de Sophie.

À suivre aussi du côté du Canada anglais: The Border, dont la première qui a eu lieu cette semaine a capté l’attention de notre foyer bilingue malgré son montage rapide à la « nous autres aussi on est capable d’en faire des séries de même », et jPod, dont la réalisation manque de tonus, mais dont certains passages m’ont fait éclater de rire. Très geek comme humour, mais il fallait s’y attendre puisque c’est une adaptation d’un livre de Coupland. The Border s’est attiré 710,000 téléspectateurs pour sa première, un chiffre qu’on considère très respectable pour une fiction « made in Canada ». jPod a eu droit à 472,000 auditeurs, ce qui satisfait aussi la CBC. Avec des chiffres comme ça au Québec, on songerait déjà à retirer ces séries des ondes.

By Martine

Screenwriter / scénariste-conceptrice

4 comments

  1. J’ai regardé Sophie (mais j’ai manqué le début). Je regarde l’émission en français, et je trouvais ça bizarre, parce que les répliques sont les même mot pour mot, mais les acteurs ne sont pas les même. Effectivement, on dirait les acteurs anglophones ont regardé l’émission en français et ont copié ce qu’ils ont vu. Je ne sais pas si ça va marcher au Canada anglais, mais moi, je ne regarderai pas l’adaptation, je trouve ça trop bizarre… D’ailleurs, je ne sais pas si c’est du à ce fait, mais je trouve que Les hauts et les bas de Sophie Paquin est beaucoup plus drôle que Sophie. Je ne connais pas le mot pour décrire comment je me suis sentie en la regardant, mais j’avais l’impression qu’on avait copié le travail de quelqu’un d’autre et qu’on le présentait comme notre propre travail. Tant qu’à faire, ils n’auraient pu que doubler les comédiens québécois et on en serait au même point.

  2. Peut-être est-ce parce que je suis une fille de « gang », mais je ne comprendrai probablement jamais ces solitudes, au pluriel…

  3. Par un hasard de zapping, j’ai regardé quelques minutes de Sophie et j’ai ressenti un genre de malaise…

    Tout comme Rumours (Rumeurs) l’an dernier, l’adaptation de notre humour ne passe pas la rampe. La conversion de « Sophie » en sitcom semble avoir rendu les personnages secondaires (ceux que j’ai vu du moins) caricaturaux au possible! Une scène entre Roch et Mélissa (j’ignore leur nom en anglais) relevait quasiment du burlesque.

    L’esprit de la série semble disparu et ce que j’ai vu ne lui rend pas justice. Les anglais doivent se demander ce qui nous plaisait tant dans la version originale…

  4. Wow. Les critiques sont vraiment déchaînés!

    Je n’ai pas regardé Sophie, ni en français, ni en anglais mais la polarisation de la critique me parait tellement extrême que je me dis qu’on partage au moins les deux pôles d’un même nerf sensible.

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