Première étape

Je sais que vous êtes plusieurs visiteurs de ce blogue à vous intéresser à la scénarisation. Si vous ne l’avez pas déjà fait, je vous conseille d’aller lire l’excellent billet publié la semaine dernière chez Chroniques Blondes. Geneviève y parle avec expérience et sagesse (oui oui!) de la scénarisation télévisuelle et des contraintes auxquelles tout scénariste doit faire face. Un passage en particulier a retenu mon attention:

Un scénariste n’écrit pas “sa” série. Il écrit la série qu’il est “possible” de faire.

En cours de route, on aura trahi des idées, des idéaux. On se sera trahi soi-même, quelques fois pour le mieux. D’autres fois pour le pire.

Ça ne sert à rien de s’accrocher, ce sera bousculé de toute façon, c’est la nature de la bête.

Après avoir reçu le feu vert d’un diffuseur, et bien appuyée par une équipe de production qui a fait appel à mes services, j’entame ces jours-ci la scénarisation des trois premiers épisodes d’une télésérie de fiction (ou, dans le jargon du métier, un « téléroman plus »). C’est la première étape du développement et pour toutes sortes de raisons, certains projets ne vont pas plus loin que l’écriture de ces trois épisodes.

Comme Geneviève le décrit très bien dans son billet, il y a BEAUCOUP d’étapes avant qu’une série puisse voir le jour à l’écran. Beaucoup d’opinions et de notes à intégrer. Beaucoup d’éléments à prendre en considération. Beaucoup de textes à jeter, beaucoup de métiers sur lequel il faut remettre cent fois son ouvrage. Après avoir travaillé pour le cinéma où les protagonistes ont à peine quelques minutes pour se faire connaître, pouvoir développer des personnages pendant plusieurs saisons est un luxe qui me fait rêver.

Mais entre le rêve, les bonnes intentions, le travail acharné et les contingences, qu’adviendra-t-il de ces textes?

Aucune idée. J’ai hâte de connaître l’issue du projet, mais pour l’instant, je vais tenter d’apprécier le plus possible toutes les étapes qui restent à venir. Et plus on passera d’étapes, plus il y aura de chances que le projet se concrétise.

Stay tuned, comme on dit!

By Martine

Screenwriter / scénariste-conceptrice

9 comments

  1. Franchement plus tu me fais connaître le métier (la vocation!) de scénariste, plus je vous admire tous et toutes, et moins j’ai envie de me découvrir cette vocation! Juste à y penser… je me découvre un enthousiasme renouvellée pour la mise en boîtes de toutes nos possessions, le lavage de fenêtres, et que sais-je encore! Ayayayaye…

  2. Loin de moi l’idée de me plaindre (ce que tu ne sous-entend pas, mais certains qui lisent moins bien que toi pourraient le croire ;-) Ça reste tout de même que c’est le type de boulot qui fait rêver bien du monde et disons que je suis plus du type « sombre-réaliste » que « lunettes-roses ».

    Geneviève l’a très bien décrit: c’est une job de création, mais c’est aussi une grosse job de compromis. Tous les boulots ont leur part de compromis, mais ceux qu’implique la scénarisation donnent parfois l’impression qu’on a perdu son intégrité ou ses véritables ambitions artistiques. Faut être fait assez fort… ou être assez fou!

    Ceci étant dit, je fais ça par choix et j’aime beaucoup! Même si je garde toujours en tête que je devrai peut-être éventuellement appliquer chez Tim Horton.

  3. Comme le dit si bien Pierre-Yves Bernard dans les formations qu’il donne: Arrangez-vous surtout pour avoir du plaisir durant le processus, c’est tout ce qui compte (pour ne pas être frustré!)

  4. Maryse… Pierre Yves dit ça parce que quand il dit « le processus » il veut dire « nos beuveries » où on se conte nos histoires de peur!

    Je blagueuh. C’est pas Ringu quand même.

    Ben.

    Un peu.

    Bon, c’est pas tout ça, merci Martine!

  5. Y a pas de quoi pas te plaindre: chiâler, c’est la santé! (Dicton qu’un ami et moi essayons d epopulariser depuis déjà plus de dix ans!)

    :-)

  6. Il faut vraiment être passionné pour faire ce genre de boulot. C’est la même chose quand on développe des concepts d’émissions de télé. C’est bien beau de convaincre un producteur et de se faire dire «c’est intéressant» par un diffuseur, le show est biiiiien loin d’être en ondes! C’est l’une des raisons pour lesquelles je fais toujours 4873847621083 boulots. Ça m’empêche de développer des ulcères en attendant des réponses. Et des cancers quand je les obtiens! lol

    Bien d’accord avec Maryse: vive le processus! En tout cas, je ne pourrais jamais scénariser une série (pour toutes les raisons évoquées, même celles qui sont positives pour toi – j’aurais tellement peur de manquer de jus en cours de route!). T’as toute mon admiration!

    Have fun! :-)

  7. Après les étapes dont vous parlez,y’a moi et mes copains qui lisons le produit (presque) fini et qui le repasse dans le tordeur technique pour enfin tout mettre ces mots en image et c’est là je crois, le boutt’ où j’ai des pensées pour vous scénaristes: Comme un dépucelage des mots, un blitz des images qu’ils projettent et si vous angoissez, ben je vous comprends !!! Courage ! On vous aime !

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